du Québec
elle connaît nos hivers, la forêt, les lacs et la ville
elle vient d'ici... sa poésie coule dans nos forêts, il
faut
juste tendre l'oreille.
l'arbre de Catrine Godin
- Se traverser -
c'était peut-être l'hiver
un banc de brume
depuis les épaules
c'était peut-être
l'hiver
dans son mouvement
sa perpétuité
sur les passerelles
liées
d'os en poignets
sur les passerelles
phalanges étagées
années comme semences
il fallait retourner
c'était peut-être la nuit
le puits des yeux
depuis leurs lanternes
c'était peut-être
la nuit
dans son mouvement
il fallait retourner
étreindre
les mains qui instruisent
les mains
étreindre
les coeurs qui emplissent
les coeurs
il fallait retourner
dans le ventredes ventres et apprendre
l'hiver
la nuit
le feu
la vie dans son mouvement
c'était
à l'origine
un chant
c'était peut-être un combat
une danse sauvage
dépouillant
nuque
échine
hanches
dénudant
gorge
ventre
cuisses
mais il fallait retourner
et
plus nue que nue
se traverser
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Se traverser - II
garde encore les yeux clos
vertige les oiseaux sous les côtes
ivre ma bête
ce ne sont plus nos mains
qui se touchent
mais intimes
nos hordes
*
les yeux s'ouvrent
réveillées
bourdonnantes noces
et tu t'ouvres
comme jamais tu ne t'ouvres
du tréfonds des fonds
passe
l'être possible
et tu trembles
tu te rencontres
ensembles
trembler émerveillés
*
regarde
regarde nos mains
elles viennent de si loin
nous rappeler ce que nous sommes
regarde
regarde nos liens
des fils tendus au ciel
coulent sur toi
coulent en toi
le souvenir des étoiles
qui nous tisse
*
aura
un sourire ne veut plus s'éteindre
grandissent
pupilles
lèvres
et la poitrine bat
si fort
si fort bat la vie
l'éblouissement soudain
dans l'ombre le choc accouche sa lumière
nimbée
ta tête
tout mouvement te révèle
aujourd'hui
tu viens de naître encore
entre nos mains
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Se traverser III
il
passera
dans l'heure
comme il est passé
la nuit
blanche
main d'amour
blanche comme si haut la lune
il passera
mon amour
il passera
le temps
et vos saisons humaines
il passera frontières
lacs et marais imaginaires
il passera dans les forêts profondes
les montagnes de chagrin
il passera
si près
vous n'y verrez que du vent
mon amour
il traversera
tous les hivers
sombres
rigoureux
et les déluges les travers
il traversera les déserts
et en descendant les vallées leurs
brumes
il traversera les chants d'oiseaux
toutes vies
il traversera
toute vie
mon amour
il traversera
la mer
les digues barrages
et tous les cauchemars
il traversera la guerre
les prisons fictives et véritables
il traversera vos blessures
la peur ou la folie
il traversera jusqu'à la mort
pour se rendre à vous
mon amour
ni les griffes les crocs
les poisons les armes
ni les crachats les bottes
ignorance et cruauté
ni les couteaux les flèches
mépris et vengence
ni le déni la méfiance
colère ou vieille hargne
ni l'indifférence ou l'aveuglement
ni le ridicule
ni l'insanité
ne l'arrêteront
et à jamais
je vous aime
mon amour
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janvier 2005
Gert